Entrevue avec Jean Gattuso

Entrevue avec Jean Gattuso, ambassadeur de la campagne de financement du projet de modernisation de l’aréna Brébeuf.

Jean Gattuso, ancien président et chef de l’exploitation de Industries Lassonde, fait partie des mordus de la glace à Brébeuf. Les soirs de match, Jean Gattuso laisse tomber la cravate et porte le numéro 35. Comme son ancienne idole, le gardien de but Tony Esposito. Cette patinoire, l’homme d’affaires de 65 ans la connaît comme le fond de sa poche. Il l’a même vue sortir de terre pendant ses études au Collège dans les années 70.

La famille Gattuso a un grand attachement à Brébeuf. Jean est un ancien (1975) et un fier parent de deux anciennes, Mariza (2003) et Andréa (2006). Son frère, Mathieu, professeur de Brébeuf à la retraite, est lui aussi parent de d’un ancien et d’une ancienne, Dominique (1995) et Sophie (1997).

Jean Gattuso (Brébeuf DEC 1975), gardien de but de l’équipe des Pères Brébeuf dans la ligue Prestige.

L’éducation par le sport

(Brébeuf) Pourquoi avez-vous décidé de vous investir dans la campagne de financement du grand projet de modernisation de l’aréna Brébeuf?

(Jean Gattuso) Brébeuf, c’est chez nous! C’est mon alma mater. J’étais étudiant quand ils ont construit l’aréna en 1974. Je me rappelle encore du son de la dynamite quand ils ont fait les travaux. En fait, j’ai toujours joué au hockey ici, jeune et vieux.

Brébeuf, ça fait partie de mon histoire. Mais aussi de l’histoire de ma famille. Ma sœur Liza y a été étudiante; mes deux filles, Andrea et Mariza, aussi; et mon frère, Mathieu, y a longtemps enseigné la psychologie au niveau collégial.

(B) Quel est votre rôle en tant que porte-parole?

(JG) Mon rôle est d’abord de convaincre les donateurs que l’aréna fait partie intégrante de l’histoire de Brébeuf. Les Jésuites nous ont beaucoup répété l’adage avoir un esprit sain dans un corps sain. Le sport, c’est tellement formateur. Je crois beaucoup aux sports d’équipe, comme le hockey, puisqu’ils préparent très bien les jeunes à leur futur dans la société. Sur la glace, on apprend l’esprit d’équipe. Et l’esprit d’équipe, c’est très important dans le milieu des affaires. Ou dans tout autre milieu, où on est appelé à travailler ensemble.

(B) Quel message souhaitez-vous faire passer?

(JG) Que l’on a besoin de la contribution de tous pour réussir ce projet-là. C’est un projet de société. Dans le sens où si l’on veut développer nos jeunes, c’est important qu’ils aient les bons outils. Et l’aréna est un bon outil pour l’éducation des jeunes par le sport.

Pour en savoir plus sur le projet de modernisation de l’aréna.

JE DONNE


Le grand déclic de 1972

Né d’un père calabrais et d’une mère molisane en juillet 1956, Jean Gattuso a d’abord grandi sur la rue de Bordeaux dans le quartier Rosemont, avant de vivre à Ville Mont-Royal, jusqu’à tout récemment. C’est ici, dans la petite communauté monteroise, qu’il a chaussé ses premiers patins. Il avait neuf ans.

(B) Vous avez commencé à jouer au hockey comme gardien de but dès l’âge de 9 ans, quelles étaient vos idoles de jeunesse?

(JG) Mes idoles quand j’étais jeune étaient les gardiens de but Lorn Worsley, Rogatien Vachon, ainsi que Bernard Parent. Ensuite, dans les années 70, il y a eu Tony Esposito. Je porte d’ailleurs le numéro 35, comme lui, dans la Ligue Prestige à Brébeuf.

(B) Qu’est-ce qui vous fascinait chez Tony Esposito?

(JG) Son style…qui était peu orthodoxe. Il est l’un des précurseurs du style papillon. Au fait, j’ai eu un grand déclic pour le hockey en 1972. J’avais alors 16 ans. C’était la Série du siècle. Le Canada affrontait l’Union soviétique et Tony Esposito avait été très bon comme gardien de but. Ma passion du hockey était, à ce moment-là, à son comble!

(B) Cette Série du siècle vous a inspiré un voyage de hockey en Russie en 2018…

(JG) Oui, c’était pour les 100 ans de Lassonde, j’ai formé une équipe de hockey avec des gens de la Ligue Prestige, des employés de Lassonde et d’autres collaborateurs. On est allés à Moscou, à Saint-Pétersbourg et à Kiev. On était habillés comme l’équipe canadienne de hockey de 1972. On a joué 6 matchs en neuf jours et on en a gagné 4!

C’était mon rêve de jouer à l’international, puis je l’ai réalisé. Je pense que c’est important dans la vie de réaliser nos rêves.

Jean Gattuso, président et chef de l’exploitation de Industries Lassonde, a été tout au long de sa carrière récipiendaire de nombreux prix. En 1991, il a été nommé Meilleur jeune homme d’affaires, catégorie 35 ans et moins, par la Jeune Chambre de commerce de Montréal. En 2008, il a reçu le prestigieux Grand Prix de l’Entrepreneur d’Ernst & Young. Il a été nommé « MBA de l’année » en 2014. En 2015, il recevait la plus grande distinction dans l’alimentation au Canada : le Golden Pencil Award.

(B) Parlant de l’importance d’aller au bout de ses aspirations, vous avez fait un grand retour comme gardien de but à l’âge de 55 ans.

(JG) En effet, j’ai été gardien de but de 9 ans à 25 ans. Ensuite, j’ai été ailier, au centre et à la défense. Puis, à un moment donné, j’ai remplacé un gardien de but dans l’équipe des anciens à Brébeuf et la piqûre m’est revenue. À 55 ans, je suis donc allé apprendre le style papillon à l’École Intense hockey à Laval, étant donné que cette technique-là n’existait pas pour être gardien de but quand j’étais plus jeune.

(B) La Ligue Prestige à Brébeuf, qui comprend 55 membres, a été créée en 2012, en parallèle à la Ligue des Anciens, qui compte près de 300 joueurs. Pour quelle raison?

(JG) Parce que l’on vieillit. La Ligue Prestige a été créée pour les 45 ans et plus. C’est Jacques Boisvert, ancien enseignant en éducation physique au Collège, ainsi que d’autres habitués et moi qui l’avons fondée.

Depuis l’obtention de son diplôme en 1975, Jean Gattuso s’est toujours investi de près ou de loin dans les activités du Collège. Il a notamment été sur le conseil d’administration de la Fondation du Collège (autrefois appelé Fonds de développement Brébeuf). Il a aussi mis la main à la pâte en 2004, lors des fêtes du 75e anniversaire de Brébeuf.

Persévérer pour y arriver

(B) Vous avez la fièvre du hockey, mais est-ce que vous pratiquez d’autres sports?

(JG) Oui, je fais du ski et je suis un amateur de course à pied. J’ai fait le Marathon Oasis de Montréal en 2003, de 42,2 km. J’avais 47 ans. Mon père aussi était un coureur à pied et il me disait tout le temps qu’un marathon, c’est comme l’Everest du sport. Et il avait raison. Les derniers kilomètres, lorsqu’il faut affronter la fameuse côte Berri en fin de parcours, c’est vraiment demandant. Quand j’ai franchi le fil d’arrivée, tout le monde avait une espèce de halo blanc autour de la tête, à cause de mon taux de sucre qui était vraiment bas. Mais quelle expérience à faire dans une vie!

Tout au long du parcours, le corps souffre, mais le cerveau dit : on va se rendre, on va se rendre, on va se rendre… Je pense que c’est ça la vie. Il faut tout le temps continuer et être déterminé à se rendre. Le marathon vous donne vraiment une belle leçon de vie sur la persévérance.

Relever de nouveaux défis

Le 15 mars dernier, Jean Gattuso annonçait son départ de Lassonde le 30 septembre prochain, après 34 années passées au sein de la direction de l’entreprise. Il demeurera très actif en soutenant l’entrepreneuriat québécois et en siégeant sur des conseils d’administration, notamment sur celui d’Investissement Québec et de la Tablée des chefs, une cause qui lui tient à cœur.