L’organisme Juripop, dont Me Sophie Gagnon en est la directrice générale, organise chaque année un concours de simulation de plaidoirie. Dans le cadre du cours d’intégration des acquis en sciences humaines, des étudiants qui étudient le droit au Collège Brébeuf y participent.

Me Gagnon, avocate engagée, est également chroniqueuse régulière à Radio-Canada sur l’actualité juridique, politique et sociale, notamment à l’émission quotidienne « Pénélope ». Elle est une ancienne du Collège Brébeuf diplômée du BI Sciences humaines en 2008.

Par Vincent Wallon

Sophie Gagnon – Photo : MBT-Photographie

la justice sociale, L’égalité et l’inclusion

La rigueur intellectuelle

De son apprentissage au Collège Brébeuf, Me Gagnon a toujours gardé en elle la rigueur intellectuelle : « c’est quelque chose qui était vraiment valorisant. »

Toujours très impliquée dans sa scolarité, elle a notamment participé au Carrefour suisse au Collège. Cette initiative « nous permettait d’étudier le régime de la Confédération suisse. Ç’a avait été vraiment enrichissant pour moi. » 

Son amour de la littérature l’a poussée également à participer au concours littéraire des collégiens : « Une expérience très marquante pour moi d’avoir [eu] des discussions de haut niveau sur des livres écrits par des écrivains de la relève. » 

Après son diplôme du BI en Sciences humaines au Collège Brébeuf en 2008, elle a étudié le droit à l’Université de Montréal. « Ce qui m’a attiré à étudier en droit, c’était vraiment les valeurs d’engagement envers l’intérêt public et la justice sociale », précise t-elle. Me Gagnon y voyait aussi « le droit comme un outil très efficace pour contribuer au bien public ». 

Très motivée par les défis 

Me Sophie Gagnon a travaillé pendant plus de 7 ans dans un cabinet international où elle faisait du litige civil commercial. Elle y « représentait les entreprises devant les tribunaux ». Mais malgré toute la stimulation intellectuelle, l’apprentissage et les défis, « ce n’est pas la profession qui allait me permettre de réaliser mes ambitions de justice sociale », précise-t-elle. 

Ces dernières furent comblées avec lposte de directrice générale de Juripop. 

« Juripop est un organisme que je connaissais, parce [qu’il] a été fondé par des personnes qui étudiaient le droit en même temps que moi, et j’avais moi-même été bénévole pour l’organisme en 2009 pendant mes études en droit […] J’ai laissé la pratique privée du droit très lucrative pour ce poste et je n’ai jamais regardé derrière depuis. » – Me Sophie Gagnon

Chroniqueuse juridique, politique et sociale à Radio-Canada  

Comme porte-parole de l’organisme, Me Gagnon a commencé la radio en 2017 dans le cadre de ses fonctions et de la mission de Juripop : « contribuer très concrètement à fournir des informations et de l’éducation juridiques aux gens, et d’éduquer la population sur ses droits, sur les enjeux d’accès à la justice. » 

« J’ai toujours aimé la communication. Je faisais du théâtre au secondaire. En tant qu’avocate, je faisais du litige, je plaidais devant les tribunaux. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé. » – Me Gagnon 

En 2017, elle était chroniqueuse à l’émission « On dira ce qu’on voudra » et l’année dernière à l’émission de télévision « Entrée principale » avec André Robitaille. 

À l’automne dernier, elle se joint à l’équipe de Pénélope McQuade : « J’avais vraiment envie de parler, d’utiliser ma tribune pour parler d’enjeux qui relèvent de la justice sociale, des enjeux liés à l’égalité, à l’inclusion. […] J’ai approché l’équipe de Pénélope en leur proposant de faire une chronique régulière sur la solidarité juridique et sociale. »

S’engager et transmettre aux autres

L’Association des anciens et anciennes de Brébeuf lui a décerné le Prix de la relève dans la catégorie Engagement social.

Sophie Gagnon – Prix de la relève en 2019 – Ancienne chapelle du Collège Brébeuf – Photo : Maxime Côté

De la simulation d’une plaidoirie à un argumentaire

Le concours de plaidoirie de Juripop est destiné aux étudiants du collégial ayant choisi les profils où il y a un enseignement du droit : Individu, culture et société et Études internationales. Le cours de droit au Collège aborde entre autres le droit de la famille, « cette branche la plus pertinente pour la population qui est peu informée sur ce sujet » précise Me Gagnon.

« Cette année, on a parlé de violence conjugale énormément, de l’égalité homme-femme dans le couple, des droits des parents, des couples homoparentaux, […] de plusieurs enjeux d’actualité. » – Me Sophie Gagnon 

« L’an dernier, on demandait comme travail final [aux étudiants] de préparer une plaidoirie qui allait être livrée devant des juges au palais de justice. Ce qui était prévu cette année aussi. Mais l’urgence sanitaire étant arrivée dans nos vies, on a dû faire autrement », ajoute Me Gagnon. 

C’est pourquoi les 16 étudiants qui participaient à la simulation de plaidoirie ont  rédiger un argumentaire, et non plaider devant les juges, en répondant à la question :

« En temps de crise, comment pouvons-nous protéger juridiquement (et socialement) nos femmes et nos enfants victimes de violence conjugale? »

Pour ce faire, chaque étudiant se mettait dans le rôle d’un avocat en droit de la famille spécialisé en droit de l’enfant. « Ils devaient proposer des solutions concrètes pour améliorer leur sort et présenter leurs idées », précise Me Gagnon. 

Parmi les plaidoiries des étudiants, deux s’étant le mieux illustrées ont été retenues par l’organismeLes deux étudiants et auteurs ont eu la chance de présenter leur travail et partager leur expérience à l’émission de Pénélope McQuade sur Radio-Canada dans le segment de Me Gagnon. 

Les deux étudiants sont en 2e année du DEC Sciences humaines : Rose-Marie Proulx, profil Individu, culture et société et Nima Shareghi, profil Études internationales. 


Écoutez Me Sophie Gagnon, Rose-Marie Proulx et Nima Shareghi à l’émission « Pénélope » à Radio-Canada – Lundi 4 mai 2020


Le droit au collège : de la théorie à la pratique

Suite à l’émission de radio, nous avons recueilli le témoignage des deux étudiants en sciences humaines. Nous voulions savoir comment s’est passé leur expérience en cours de droit au Collège Brébeuf et la rédaction de leur argumentaire.

Pourquoi choisir la simulation de plaidoirie?

Nima Sharghi : « Le temps d’aller à l’université approche, et je voulais m’assurer de mon choix. Parce que j’avais décidé dès le départ que c’est le droit qui m’intéressait. La simulation d’un procès m’offrait cette chance de voir comment est le droit en pratique. Et ça m’a donné l’opportunité de voir si c’est vraiment dans cette lignée que je veux me lancer. » 

Nima Sharghi, étudiant en 2e année – DEC Sciences humaines

Rose-Marie Proulx « Pour le choix de stage, on avait beaucoup d’options, et je savais que le droit m’intéressait [sans en être certaine]. Je me suis dit que ça me donnerait une première expérience […] pour voir si ça m’intéresse [vraiment]. » 

Comment vous êtes-vous préparé? 

Nima Sharghi : « [Au début de la session], on a appris sur le droit familial, tous les mercredis matins pendant trois heures, en vue de développer nous-mêmes une plaidoirie à présenter devant un vrai juge. Vu la situation actuelle [du confinement], ce n’est pas arrivé. »

Qu’avez-vous le plus aimé dans le cours de droit au Collège? 

Nima Sharghi « Je dirais l’aspect théorique, quand on apprenait les concepts au cœur du droit familial. Parce qu’en apprenant ces concepts, je m’imaginais déjà plaider devant une cour. » 

Rose-Marie Proulx « Une des choses que j’ai aimées est que, même si [le droit] était quelque chose de nouveau pour nous, la professeure ne nous prenait pas pour des enfants. Elle nous expliquait les choses comme elles sont expliquées, je crois, de façon plus formelle. Après, elle décortiquait avec nous pour que l’on comprenne. Elle [utilisait] les bons termes, c’était professionnel comme approche. » 

Comment était-ce de rédiger un argumentaire? 

Nima Sharghi « On était limité à 700 mots. Moi, j’avais plusieurs arguments et plusieurs façons de les aborder. Mon grand défi, c’était d’être concis et de choisir les meilleurs arguments. » 

Lire l’argumentaire de Nima Sharghi, avec l’autorisation de l’auteur (PDF).

Rose-Marie Proulx : « La contrainte principale était de répondre [à une question]. On pouvait prendre plusieurs angles, c’était très libre. […] J’ai trouvé que ça s’est bien passé parce qu’on avait beaucoup de support, des rencontres sur Zoom pour échanger sur ce qu’on avait fait et ce qu’on allait faire. » 

Avez-vous l’habitude de parler en public? 

Nima Sharghi : « Oui. Je suis dans le club d’art oratoire de l’école, donc j’ai eu beaucoup d’occasions de parler en public. »  

Rose-Marie Proulx : « Honnêtement, ça me stressait parce que je n’avais jamais fait [de la radio] et de savoir qu’il y avait plein de monde qui m’écoutaient. Je ne suis pas à 100 % à l’aise de parler [en public]. Il faut que je me calme avant. Présenter un argumentaire écrit a été donc plus facile pour moi. » 


Remerciements aux professeurs de psychologie du Collège Brébeuf Sébastien Bureau et Étienne Roy, à Me Sophie Gagnon et Me Justine Fortin de l’organisme Juripop, aux deux étudiants en sciences humaines Rose-Marie Proulx et Nima Shareghi.