Lors de leur 4e session, les étudiants du programme Arts, lettres et communication (ALC) mettent tous en application leurs savoirs théoriques et pratiques acquis au fil des sessions précédentes pour concevoir et réaliser un court métrage. Il s’agit du projet d’intégration.

Conçu et réalisé d’une manière professionnelle, ce film répond aux exigences de l’industrie. C’est pourquoi les réalisations des étudiants d’ALC rayonnent au-delà du Collège Brébeuf et sont présentées dans des festivals étudiants, à Fantasia ou au Festival du nouveau cinéma de Montréal.

Un projet mobilisateur et marquant

Marie-Stéfanie Taschereau

« Ce projet conclut le DEC en ALC », nous dit Marie-Stéfanie Taschereau, professeure en communication et responsable du projet d’intégration.

Mis en place en 1996 au Collège, il occupe une place très importante dans le tronc commun du programme et fait sa réputation. « C’est le projet phare » d’ALC qui marque les esprits des étudiants pour longtemps.

Au dire de Mme Taschereau : « Les étudiants peuvent se concentrer sur ce qu’ils aiment. On va chercher les forces de chacun : ceux qui ont étudié en arts visuels et en design, ceux qui adorent le cinéma, mais aussi ceux qui aiment mieux les décors, la scénarisation, la conception d’objets et de palettes de couleurs, la postproduction ou la modélisation 3D. » Tous les talents sont donc mobilisés autour de la conception et de la réalisation du court métrage.

Marguerite Ranger

Marguerite Ranger est diplômée du programme ALC et étudiante en histoire de l’art et en études cinématographiques à l’Université Concordia. Elle garde un excellent souvenir du projet d’intégration et plus précisément des deux jours de tournage. « On travaillait pour un plus gros projet. On avait vraiment du plaisir à s’efforcer de créer un court métrage. On nous laissait notre liberté d’essayer de régler nos problèmes nous-mêmes avant de demander de l’aide », nous dit-elle avec nostalgie.

De la recherche du sujet à la bible d’auteur

Au fil des sessions, les étudiants se sont préparés à ce projet et ont acquis une méthodologie. Ils ont appris, par exemple, à élaborer un scénario, à définir les scènes et à coordonner les couleurs. Mais ils ont aussi suivi tous les cours plus théoriques, comme ceux de communication et d’histoire de l’art. Leurs connaissances et leurs acquis servent le projet. Au début du processus, « ils connaissent leurs besoins », nous dit Marie-Stéfanie.

La première étape consiste à réaliser une recherche sur un intervenant culturel, qu’ils choisissent au hasard, afin de réaliser un film à la manière de ce dernier, sur une partie de sa vie, ou pour adapter une de ses œuvres. Cette année, les étudiants pouvaient notamment choisir entre Denise Filiatrault, Iris, Louise Archambault, Ken Scott, Carole Laure, Zviane et Les Cowboys fringants.

Dans un deuxième temps, ils « ont environ trois semaines pour scénariser le court métrage et écrire la bible d’auteur », nous dit Marie-Stéfanie Taschereau. La bible d’auteur est le document de référence qui décrit les différents éléments du cadre général, comme la distribution artistique, le ton, le traitement de l’image, ce que l’on voit et entend, les mouvements de caméra, les plans et les lieux.

Le budget du court métrage est également établi. « Chacun des films reçoit 300 $ de la part du Collège pour être réalisé », précise Mme Taschereau. Même si l’équipement professionnel à la fine pointe de la technologie est fourni aux étudiants, « ils vont devoir nourrir le personnel et payer les comédiens ». Les équipes vont souvent chercher des commandites pour financer une partie de la production.

En effet, pour réaliser le court métrage, l’équipe doit engager des comédiens membres de l’Union des artistes. Comme le tournage se déroule sur une période de 25 à 30 heures pendant une fin de semaine, le risque de dépasser le temps imparti est beaucoup plus grand avec des acteurs non professionnels. Cela permet également à l’équipe de se concentrer sur le reste et sur les problèmes techniques.

La présentation du projet devant jury

Dans un troisième temps, les étudiants forment des équipes qui constituent des agences de création. Ils présentent leur projet de court métrage (faire un pitch) de façon professionnelle devant quatre membres d’un jury composé de professeurs du Collège Brébeuf et de professionnels de l’industrie du cinéma.

Quatre à six projets sont ainsi retenus, produits et réalisés. Cela veut aussi dire que des projets d’étudiants ne sont pas menés jusqu’au bout. « Il y a une petite déception », nous dit Marie-Stéfanie, mais ces derniers intègrent les équipes dont les projets ont été retenus.

Ensuite, « les vrais postes de l’industrie sont distribués aux étudiants des équipes, comme les fonctions de directeur photo, de directeur artistique, de monteur et de réalisateur », ajoute-t-elle. Ils sont répartis en fonction des affinités de chacun des étudiants, ceux-ci pouvant faire un choix parmi trois rôles.

Une journée avec des professionnels du cinéma

Dans un quatrième temps, les étudiants, en plus de leur cours de création en cinéma, « ont accès pendant une journée complète à un professionnel du milieu pour apprendre vraiment leur rôle », nous dit Marie-Stéfanie. « C’est très riche en transmission des savoir-faire. »

La dizaine de professionnels participants « sont de grands et bons professionnels », précise avec fierté Marie-Stéfanie. Souvent anciens étudiants du programme ALC, certains ont gagné des Prix Jutras (IRIS) ou ont été mis en nomination à plusieurs reprises. Ils viennent partager leur passion chaque année… dans certains cas, depuis 20 ans! « Cela fait une grosse différence par rapport aux autres établissements collégiaux », tient à souligner Marie-Stéfanie.

Des professionnels participants à la journée des professionnels : Arthur Tarnowsky (monteur), Marc Simpson (directeur photo), Thomas Sédillot (ingénieur sonore), Renée Sawtelle (costumes), Lili-Anne Crevier (assistante à la réalisation), Célia Arsenault (direction d’acteurs), François Jaros (réalisateur) et Laura Lemelin-Rainville (décors et accessoires).

La préproduction, le tournage et le montage

Dans un cinquième temps, « ils ont cinq ou six semaines pour faire la préproduction, pour être prêt au tournage qui survient généralement à la fin mars ou au début d’avril ».

Vient enfin le temps du tournage qui se déroule sur une fin de semaine, pendant 25 à 30 heures.

« Il se passe indiscutablement quelque chose de très fort. C’est vraiment une famille! Ils ne voient plus jamais un film de la même façon par la suite », nous dit Marie-Stéfanie, émue.

Ils apprennent le travail d’équipe et la hiérarchie à respecter sur un lieu de tournage; ce qui peut être difficile à accepter pour certains étudiants, puisqu’ils ont le même âge. Mais cette structure professionnelle apporte « cette unité-là et fait en sorte que les films sont si forts », nous dit Marie-Stéfanie avec enthousiasme.

La dernière étape consiste à travailler sur la bande-annonce, pendant que le monteur consacre quatre semaines à assembler les différents plans et séquences tournés afin de donner vie au film.

Les courts métrages présentés au public

Une fois terminés, les films sont présentés au public pour la première fois, en mai, au festival Point d’Art, qui met de l’avant les meilleurs projets réalisés par les étudiants du programme Arts, lettres et communication.

Pour la plupart, les films poursuivent ensuite leur carrière dans divers festivals durant l’été et l’automne, comme l’Intercollégial de cinéma du Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec (RIASQ), Fantasia, le Festival du nouveau cinéma et des festivals étudiants en ligne.

« On reçoit très souvent des mentions ‘’Coup de cœur’’ pour nos courts métrages à  l’Intercollégial de cinéma. Nous sommes très bien positionnés même si on n’est pas un DEC Cinéma. »
Marie-Stéfanie Taschereau

Projet d’intégration, hiver 2021, équipe 1.3 : Si je pouvais voler

Les étudiants encadrés tout au long du processus

Pendant toute la durée du projet, les étudiants bénéficient du soutien technique, matériel et pédagogique nécessaire.

Avant le tournage, ils peuvent ainsi contacter des professionnels du milieu du cinéma « quand ils ont des crises d’angoisse » ou des questions, vient nous préciser Marie-Stéfanie.

Non seulement un appariteur est-il associé à chacun des tournages, mais Marie-Stéfanie fait aussi le tour des plateaux pour s’assurer que tout se passe bien. Outre son rôle de professeure, elle endosse les fonctions de cheffe d’orchestre et de productrice.

Enfin, si les professeurs du DEC ALC sont très présents en amont du projet, ils ne sont jamais bien loin pendant son déroulement. Ils travaillent notamment avec les étudiants sur le générique en médias numériques ou sur la colorisation.

Des apprentissages renforcés

Si ce projet de court métrage permet aux étudiants de renforcer leurs connaissances techniques et de vocabulaire, il leur permet aussi d’apprendre le fonctionnement de l’équipement, comme les caméras ou l’éclairage, nous explique Marguerite Ranger.

Mais avant tout, le travail d’équipe est la grande force du projet d’intégration. « En cours individuel, on peut être en retard, mais pas avec le court métrage », nous dit Marie-Stéfanie. Les étudiants dépendent les uns des autres dans le processus et chaque étape s’enchaîne selon un ordre logique. Ils y apprennent la rigueur et le respect des échéanciers.

Marguerite Ranger nous le confirme. Elle a été réalisatrice de son court métrage. Elle a donc dû prendre des décisions et demander parfois aux autres étudiants d’accomplir certaines tâches qui ne leur plaisaient pas. Elle a appris à faire preuve de tact et à faire en sorte que les 12 membres de son équipe travaillent tous ensemble. Ce fut un beau défi!

« C’est vraiment une expérience qui permet de grandir en tant que professionnel, mais aussi sur le plan personnel. C’est aussi d’apprendre à travailler avec les autres et à gérer les conflits qui peuvent survenir avec de grosses équipes », conclut Marguerite Ranger.

Projet d’Intégration, hiver 2021, équipe 1.4 : Pile ou Face