L’automne 2020 a été exceptionnel à bien des égards au Collège Brébeuf, la pandémie associée à la COVID-19 apportant son lot de défis pour l’ensemble du personnel et des élèves et étudiants; des défis que tous ont dû relever rapidement pour pouvoir reprendre les cours aussi efficacement que possible.

Voici un survol des changements opérés au cours des derniers mois, et comment nos jeunes vivent ces temps incertains.

L’adaptation de l’enseignement au Collège

Au début de l’automne, les cours au secondaire se déroulaient en présentiel à 100 %. Depuis l’Action de grâces, l’enseignement alterne entre les cours en présentiel et en ligne pour les secondaires 3 à 5 (plus récemment pour les élèves de 3e secondaire). Ces élèves se présentent désormais au Collège une journée sur deux.

De plus, le concept des « bulles-classes » a nécessité une adaptation pour les enseignants des cours d’anglais et d’arts plastiques, puisque ces derniers regroupent habituellement des élèves de différentes classes.

Par exemple, un professeur d’anglais peut enseigner à 32 élèves de niveaux variables. Il peut y avoir des étudiants parfaitement bilingues et d’autres qui ne maîtrisent pas l’anglais ou peu dans une même classe.

Les élèves, quant à eux, semblent satisfaits de ce fonctionnement dans les circonstances.

Cours à la maison

L’adaptation aux cours en ligne semble s’être faite sans anicroche pour une bonne partie des étudiants, autant au niveau secondaire que collégial. Catherine Johnson, élève en 5e secondaire, « trouve que les profs font bien ça et que [les élèves sont] bien équipés » pour réussir.

Certains élèves trouvent cependant parfois complexe de recourir à quelques plateformes distinctes pour entrer en contact avec leurs enseignants et professeurs, ceux-ci ayant des préférences différentes. Les jeunes interrogés assurent toutefois qu’ils obtiennent des réponses rapidement.

Les cours magistraux synchrones ont particulièrement la cote chez les élèves et étudiants parmi les méthodes d’enseignement en ligne, parce qu’ils permettent d’interagir avec les enseignants et professeurs en temps réel. Les jeunes comprennent toutefois que l’adaptation des contenus pédagogiques pour un enseignement en ligne a dû être réalisée rapidement et que les professeurs font des essais et des erreurs afin de trouver une formule efficace et intéressante.

Anne-France Boulé

Anne-France Boulé, étudiante en Sciences de la santé et membre du comité des résidences du Collège, pour sa part, tient à rappeler que la pandémie aura des effets sur les étudiants à long terme :

« Au cégep, nos notes déterminent majoritairement notre futur : si nous allons [être accepté] dans un programme contingenté ou pas. [Cela] ajoute beaucoup de stress sur nos épaules et décourage les élèves. L’école à distance baisse la motivation, augmente la difficulté des apprentissages, augmente les risques de dépression, facilite la tricherie. […] Notre cadeau de Noël parfait serait d’apprendre le retour en classe après les fêtes, ce qui ne semble pas réaliste encore à ce jour. »

Vie étudiante

Pour Anne-France, l’entrée au collégial ne fut pas ce qu’elle avait imaginé : « C’est sûr qu’il y a une certaine déception. Ça peut être frustrant parfois. Des fois, je rêve à comment ça pourrait être sans la COVID-19 [quand je dors] ».

Elle a l’impression que si la situation ne s’améliore pas bientôt, les collégiens ne pourront pas vivre leur expérience collégiale comme ils l’auraient souhaité. Nicolas Dostie, également étudiant en Sciences de la santé, vit la même déception que sa collègue : « En termes de vie étudiante, je trouve que je manque vraiment quelque chose. […] J’ai vraiment vu l’impact que la pandémie a sur [celle-ci] ».

Nicolas Dostie

C’est pour cette raison que Nicolas a décidé de s’impliquer dans autant de comités que possible cette session-ci, notamment le club d’entrepreneuriat. Il souhaitait saisir le plus d’occasions possible d’interagir avec d’autres étudiants et de faire de nouvelles rencontres. Selon lui, c’est ce qui l’aide le plus à gérer la situation.

L’importance de la vie étudiante dans leur succès scolaire et pour leur bien-être est un constat unanime des étudiants interrogés. On les sent déçus d’en être privés, mais ils comprennent que tous doivent faire des sacrifices pour sortir de la crise.

Travaux d’équipe

Les travaux d’équipe au collégial se déroulent généralement bien puisque certains étudiants les faisaient déjà à distance avant la pandémie. Pour ceux qui se rencontraient en personne pour travailler, ils semblent bien s’arranger en ligne.

Les étudiants utilisent un mélange de Teams (pour se parler, s’envoyer des documents, etc.), de la suite Office et de la suite Google pour faire leurs travaux. Cette dernière permet à plusieurs personnes de travailler simultanément sur un même document.

À l’occasion, certains professeurs accordent un peu de temps en classe (présentiel ou virtuel) pour les travaux d’équipe, ce dont les étudiants sont reconnaissants.

Une communication claire essentielle

Une bonne communication entre le Collège, les élèves/étudiants et leurs parents est toujours primordiale au bon fonctionnement des activités d’enseignement, mais elle l’est encore plus ces temps-ci.

Au secteur secondaire, les horaires des élèves sont transmis aux parents et ces derniers ont pu avoir accès à des rencontres virtuelles avec les enseignants. Jusqu’à maintenant, la majorité des parents semblent satisfaits du fonctionnement des cours considérant les circonstances exceptionnelles.

Audrey Bélanger

Le Collège communique tout changement dès que possible, notamment après un point de presse du gouvernement :

« Je dis souvent qu’il faudrait que je change mes heures de travail parce que souvent, on reçoit [les directives] du gouvernement dans les heures qui suivent [un point de presse]. Parfois, c’est à 23h qu’on reçoit les directives officielles, et je dois donner les consignes aux professeurs et aux parents le plus tôt possible. » – Audrey Bélanger, directrice des services pédagogiques au secondaire

Le moral au Collège

Les élèves et étudiants interrogés gardent le moral malgré ce contexte exceptionnel, mais les vacances sont fort attendues pour leur permettre de se reposer.

Pour certains élèves et étudiants, toutefois, la situation est plus difficile à gérer, autant au niveau scolaire que mental. Le stress causé par l’incertitude et l’instabilité a eu un effet sur leurs résultats scolaires. C’est le cas de Shereen Sakal, élève en 5e secondaire :

« Je n’ai jamais été une élève qui a des difficultés à l’école. J’ai toujours remis mes travaux à temps, mais cette année, j’ai beaucoup plus de misère à donner mon 100 %. Et je suis plus déprimée. »

Shereen
Shereen Sakkal

Pour ces élèves, le Collège offre le soutien d’une équipe multidisciplinaire (travailleur social et orthopédagogues, entre autres) pour leur fournir à la fois de l’aide individuelle et des outils les soutenant dans la poursuite de leurs études.

Motivation chez les jeunes

De façon générale, les jeunes avec qui nous avons discuté nous ont toutefois dit trouver la situation plus facile à gérer qu’au printemps dernier, car il s’agissait à cette époque d’un gros changement du jour au lendemain.

Les cours en présentiel un jour sur deux au secteur secondaire les aident réellement à rester motivés, car ceux-ci leur permettent de voir leurs collègues et amis même si c’est à distance et avec des masques :

« Ça aide beaucoup [la motivation] d’être en présentiel un jour sur deux. […] Je trouve que ça fait toute la différence. [Ça] rend les jours d’école un peu plus spéciaux. » – Catherine Johnson, élève en 5e secondaire

Pour sa part, Justin Amiraslani, élève en 5e secondaire, admet être inquiet pour son passage au niveau collégial. Le plus difficile est d’éviter de ne pas suivre les cours en surfant sur le web en parallèle puisque personne n’est là pour le surveiller. Cela représente tout un exercice de discipline et de concentration pour lui :

« Je trouve des façons de mieux travailler, de mieux m’adapter. Il faut juste que je mette toute ma volonté [dans mes études]. Je pense que je suis capable. [L’école à la maison] nous apprend à être autonome, à choisir nos priorités. »

L’envie de retourner sur les vrais bancs d’école se fait de plus en plus sentir. Pour paraphraser Nicolas Dostie : privés d’école, les étudiants ont réalisé à quel point ils l’aiment.

Voir le verre à moitié plein

Nous avons demandé à Mme Bélanger et aux élèves et étudiants interrogés s’ils avaient trouvé des points positifs à ce que nous vivons actuellement.

Parmi les bons coups de l’administration, Mme Bélanger souligne la préparation de capsules par l’équipe de soutien multidisciplinaire pour outiller les élèves sur divers sujets, comme la gestion du temps d’écran et la santé mentale.

Elle remarque également beaucoup d’entraide entre les professeurs pour aider ceux étant moins à l’aise avec l’informatique : « Il y a des profs qui ne s’étaient jamais parlé avant [la pandémie] ».

Du côté des élèves et étudiants interrogés, il est plus difficile de trouver du positif. Tous ont dû réfléchir quelques secondes avant de répondre.

Les circonstances leur ont pourtant permis :

  • d’apprendre à gérer leur temps et développer leur autonomie;
  • de côtoyer davantage leur famille;
  • de profiter davantage des moments passés avec la famille et les amis et de ne plus les tenir pour acquis;
  • de moins polluer en réduisant leur temps de transport.

De bonnes pratiques et habitudes qui pourraient rester

Au Collège

Quelques nouvelles pratiques exceptionnellement mises en place pourraient être adoptées de façon permanente au Collège lorsque la pandémie sera terminée. Par exemple :

  • Poursuivre certaines activités en ligne, comme des cercles de lecture;
  • Garder l’usage de Moodle pour la remise de travaux au secondaire;
  • Utiliser Teams plutôt que les courriels pour communiquer entre employés.

Chez les jeunes

Du côté des élèves et étudiants, peu de changements ont dû être mis en place. Parmi ceux qui ont été faits, on note la volonté de garder un horaire stable, même les jours où ils peuvent techniquement se lever plus tard, et sortir marcher pour réduire leur temps d’écran.