Des étudiantes au Colloque des sciences humaines du 6 décembre 2019

Lors du colloque du programme de Sciences humaines du 6 décembre dernier, nous avons rencontré quatre équipes afin d’en savoir plus sur leurs projets et le déroulement de leur travail : complicité entre les membres, relation avec leur enseignant, difficultés rencontrées.

Ces quatre projets de recherche reflètent bien une partie de la variété des sujets abordés par les étudiants en sciences humaines cette session-ci.

L’engagement à la cause environnementale d’une génération à une autre

Affiche : #27 – Ce projet était en nomination pour le prix du directeur général.

Inspirées par les manifestations récentes et la jeune militante Greta Thundberg, Manon Boisselier, Sophia-Rose Delage et Florentine Gagnon voulaient voir si les jeunes s’impliquent autant dans la cause environnementale qu’il n’en paraît. Dans le cas d’une réponse positive, le trio souhaitait également expliquer les raisons de leur activisme.

Un questionnaire fut remis à 121 personnes âgées de 18 à plus de 80 ans, dont 85 femmes. Celui-ci comprenait trois sections : les habitudes de vie, l’opinion sur la situation climatique et la mobilisation, ainsi que les connaissances générales environnementales.

Les résultats montrent que les participants plus âgés sont mieux informés, plus écoanxieux et moins impliqués que les plus jeunes. Leur sentiment d’impuissance les décourage à changer leurs habitudes et à participer à des évènements de sensibilisation. Certains préfèrent même vivre dans le déni.

L’équipe en conclut donc que les jeunes sont effectivement plus engagés dans la cause et qu’il n’y a aucun lien entre l’éducation environnementale et la mobilisation.

Les personnes ayant participé à leur recherche ont un diplôme d’études supérieures ou sont actuellement aux études supérieures, ce qui peut avoir biaisé leurs résultats :

«  Il faudrait varier les niveaux d’études [et le genre] des participants pour approfondir le sujet ».

Les jeunes femmes croient que les gouvernements devraient investir davantage dans l’éducation environnementale afin d’éclairer les personnes écoanxieuses, informer les jeunes qui veulent s’impliquer et sensibiliser les enfants le plus tôt possible.

Si leur travail s’est généralement bien déroulé, notamment grâce à des séances de tutorat hebdomadaire avec leur enseignante, Virginie Proulx-Tremblay, elles ont toutefois rencontré certains problèmes :

« On a eu quelques problèmes avec certains logiciels pour analyser nos données. On a dû s’adapter et utiliser d’autres logiciels pour obtenir nos résultats, ce qui a allongé notre temps de travail. »

L’influence de la perception subliminale sur les choix des individus

Affiche : #84 – L’équipe a reçu un prix de persévérance pour son projet de recherche.

Laurence Lussier et Valérie Gabrysz se sont attaquées à un sujet en lien avec les choix de consommation. Elles se demandaient quels sont les effets de la persuasion subliminale sur les choix concernant la soif ou la faim chez les étudiants de 17 à 19 ans.

Peu de participants ont volontairement été recrutés, puisque l’équipe devait contrôler plusieurs paramètres lors de l’expérience : salle dans l’obscurité totale, eau et nourriture (afin d’éviter que les besoins de satiété et d’hydratation ne biaisent les résultats). Un défi de gestion en soi, selon les étudiantes.

Les participants ont été séparés en deux groupes et ont écouté de la musique calme et énergique. Le premier groupe devait écouter les deux types de musique avec un message subliminal (« Alora », une marque de bouteille d’eau fictive, message répété 42 fois), l’autre sans ledit message.

Par la suite, les participants devaient répondre à un questionnaire. Une des questions faisait référence au message caché dans la musique : il s’agissait de choisir une marque de bouteille d’eau.

Grâce à cette expérience, l’équipe a pu établir un lien concret entre la persuasion subliminale et la prise de décision d’un individu. Elles soulignent tout de même que des facteurs externes ont pu influencer les résultats de leur étude (environnement, évènements personnels, volume de la musique, etc.).

Un choix de sujet fascinant, mais laborieux :

« Ça s’est vraiment bien passé! On séparait les tâches et après, on revenait sur le travail de l’autre. On se prenait aussi à l’avance pour éviter le stress de dernière minute. On a beaucoup travaillé avec notre professeur [NDLR; François Paquet] parce que c’est un sujet complexe, [le subconscient]. »


EN SAVOIR PLUS sur le Colloque des sciences humaines avec les 84 projets présentés par les étudiants.


La pertinence des interventions policières mixtes

Affiche : #70 – Ce projet était en nomination pour le prix du directeur général.

Mathilde Larose, Fabienne St-Cyr et Maude Landry-Leduc, de la classe de Daniel Beauregard, se sont penchées sur la question de la discrimination selon le genre dans le milieu policier.

Elles ont rencontré trois policières et deux policiers pour savoir s’il est pertinent d’avoir un policier et une policière lors d’une intervention : les femmes et les hommes ont-ils les mêmes rôles, tâches, formations et critères d’entrée dans la police? Y a-t-il de la discrimination selon le genre entre les policiers ou lors d’intervention avec les citoyens?

Les interventions policières mixtes se sont avérées pertinentes selon les policiers rencontrés, car les forces des femmes et celles des hommes se complètent souvent. Pour ce qui est de la discrimination, les policières plus âgées en avaient été victimes davantage.

Bien que les hommes voient la mixité comme pertinente, ils préfèrent toutefois travailler avec d’autres hommes, autant pour le sentiment de sécurité que pour le développement de la camaraderie avec leurs collègues (intérêts communs).

Le travail s’est également bien déroulé pour cette équipe :

« Pour le travail d’équipe, on n’a rien à dire! On était vraiment une bonne équipe. On s’entendait bien, on s’est bien séparé les tâches, on était bien organisées. Il n’y a jamais eu de conflit. »

La violence infantile, une violence indélébile

Affiche : #62 – Ce projet était en nomination pour le prix du directeur général.

Après avoir écarté d’autres sujets qui les intéressaient, Florence Jarry, Clara Labelle et Pénélope St-Germain ont choisi la violence infantile, un sujet encore peu mis de l’avant.

L’approche de l’interview a été choisie par l’équipe, car cela « apporte une touche plus humaine ». Ensemble, les jeunes femmes ont rencontré plusieurs psychologues ainsi qu’un professeur de psychologie du Collège plutôt que des victimes de violence infantile parce que c’est plus délicat.

« Le plus difficile a été de trouver des gens spécialisés. On a dû contacter beaucoup de gens. […] Retranscrire les entrevues a demandé beaucoup de temps parce que le logiciel qu’on avait pour retranscrire les verbatim fonctionnait mal.  »

Les principaux volets de leur étude étaient les suivants :

  • Le comportement des victimes (automutilation, excès de substance, délinquance, etc.), qui varie selon le contexte social et environnemental;
  • Les relations avec les autres des victimes (ex. difficulté à faire confiance aux autres;
  • Les troubles intériorisés des victimes.

Leur travail s’est bien déroulé, en grande partie grâce à leur enseignant :

« On cliqué automatiquement avec notre prof. M. Bordeleau est super! [Il] nous a aidé à préciser notre projet; il nous a conseillé de nous concentrer sur l’Amérique plutôt que l’Occident. Il nous a beaucoup guidées dans notre travail. »

Florence, Clara et Pénélope semblaient également heureuses d’avoir étudié les répercussions de la violence infantile ensemble :

« Pour ce qui est du travail d’équipe, on s’est bien entendues sur [le choix du sujet]. On est toutes travaillantes, alors on se faisait confiance [quand venait le temps de se séparer les tâches]. Ça s’est vraiment bien passé.»

Les équipes rencontrées respiraient la fierté du travail accompli et maîtrisaient leurs sujets; certaines auraient même aimé avoir plus de temps pour approfondir leurs recherches.