Emma Patard (Conventum 2022) étudie maintenant à Bates College en mathématiques et en économie. Elle fait également partie des Bobcats, l’équipe de volleyball de l’université. Nous avons fait la rencontre d’Emma, lors de son passage à Montréal, pour en apprendre plus sur le chemin parcouru depuis qu’elle a terminé sa scolarité au Collège.

Tu es une passionnée de volleyball. Quand es-tu tombée en amour avec ce sport?

J’ai découvert le volleyball à onze ans. Après avoir regardé les Olympiques en 2012, j’ai dit à ma mère : « C’est ça que je veux faire, je veux jouer au volleyball! » Elle m’a inscrite au camp des Carabins en volleyball au CEPSUM. Je me suis ensuite fait recruter par un entraîneur pour jouer alors que j’étais au primaire. En 6e année, j’ai joué avec son équipe comme joueuse invitée et j’ai vraiment adoré. Quand je suis venue visiter Brébeuf, j’ai parlé aux entraîneurs, je leur ai dit que j’étais intéressée et j’ai participé aux sélections. J’ai été prise dans l’équipe et ça a vraiment été un coup de cœur.

Peux-tu nous parler de toi, de ton parcours?

J’habite à dix minutes à pied du Collège! Mon père a étudié à Brébeuf, ma mère a étudié à Brébeuf, la sœur de mon père a étudié à Brébeuf, c’est vraiment une histoire de famille! En 3e année du primaire, j’ai su que des groupes de filles seraient admis dès la 1re secondaire à Brébeuf et mon choix était irrévocablement fait! Depuis ma jeunesse, je partage les mêmes intérêts que mes parents, c’est un de mes objectifs de suivre leurs traces. J’ai donc fait mes sept années d’études ici, j’étais dans le programme baccalauréat international. J’ai adoré mon parcours! Je me suis vite impliquée dans l’équipe de volley, j’ai participé aux portes ouvertes et à une foule d’activités.

Quand j’étais en 5e secondaire, j’ai commencé à jouer directement pour l’équipe du collégial parce qu’à cette époque il n’y avait pas d’équipe juvénile. À ma première saison avec cette équipe, j’ai été nommée sur l’équipe étoile du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) et joueuse la plus utile à l’équipe. Est ensuite malheureusement survenue ma « saison COVID » alors que les activités ont été annulées. Pendant ce temps, j’étais en plein milieu de mon recrutement pour l’université et je ne savais pas ce qui allait se passer. Je me posais tellement de questions sur mon avenir : « Est-ce que je vais me faire recruter? Je n’ai pas de vidéo de présentation, comment vais-je faire? » Ensuite, pour ma dernière année, on a pu connaître une saison normale, j’ai fait partie de l’équipe étoile RSEQ et j’ai été nommée « joueuse la plus utile » une deuxième fois. J’ai vraiment adoré mon expérience de volley!

Quels sont tes souvenirs les plus marquants de ces sept années passées à Brébeuf?

Le souvenir le plus marquant, c’est probablement ma célébration conventum. Je me souviens d’avoir vu le conventum quand j’étais en 1re secondaire et j’espérais que ça m’arrive un jour! Notre remise de bague aura aussi probablement été l’un de mes meilleurs souvenirs : revenir après la graduation puis courir dans l’école avec toutes mes amies avec qui j’évoluais depuis sept ans. J’ai aussi beaucoup aimé ma première saison collégiale au volleyball, quand j’étais en 5e secondaire. Même si j’étais la plus jeune de l’équipe, j’ai l’impression que ça m’a ouvert au collégial et que cela a facilité ma transition. J’ai aussi adoré mes enseignants en 4e et 5e secondaire et au collégial. Je pense notamment à mes professeurs de mathématiques, dont Patrice Racine et Éric Jasmin, car c’est dans ce domaine que je voulais étudier.

Certains ont appuyé ma candidature à Bates en me fournissant des lettres de recommandation; ils ont très clairement contribué à mon parcours. Andréanne McInnes et David Beauchamp ont été mes entraîneurs pendant trois ans: c’est aussi grâce à eux que je fais partie de l’équipe des Bobcats!

Emma Patard

Un autre professeur qui m’a beaucoup marqué, c’est Marco Bélanger. Il a enseigné à mes parents et à moi. Quand il a vu mon nom sur la liste, il a dit : « Ça me dit quelque chose ce nom-là. J’ai eu ton père en Calcul 1 il y a vingt ans! » Certains ont appuyé ma candidature à Bates en me fournissant des lettres de recommandation; ils ont clairement contribué à mon parcours. Andréanne McInnes et David Beauchamp ont été mes entraîneurs pendant trois ans : c’est aussi grâce à eux que je fais partie de l’équipe des Bobcats!

Qu’est-ce qui t’a menée à Bates?

Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours souhaité aller aux États-Unis pour mes études universitaires. Je voulais faire quelque chose de différent, explorer de nouvelles avenues et m’ouvrir des portes là-bas. Mon choix était aussi déterminé par le fait que le domaine des finances y est beaucoup plus développé qu’ici, que cela m’offrait davantage d’occasions et me permettait de développer mon réseau. Je voulais aussi vivre « l’expérience de la NCAA (National Collegiate Athletic Association) »! Au Canada, le sport a une certaine valeur, mais aux États-Unis, le fait d’être un athlète est très valorisé. Par exemple à Bates, nous sommes suivis par une équipe de nutritionnistes, de physiothérapeutes et de professionnels qui s’occupent de nous. L’avantage de Brébeuf tient à la rigueur du parcours scolaire qui m’a permis d’intégrer une école exigeante sur le plan académique comme Bates. Je souhaitais repousser mes limites pour me prouver à moi-même que j’étais capable de le faire.

Emma avec les joueuses de 1ere et 2e secondaire // M. Beauregard, responsable du programme de volleyball élite, présente Emma aux groupes de 1ere et 2e secondaire

Comment s’est déroulé le processus pour te rendre jusqu’à Bates?

J’ai assisté à une conférence qui présente les écoles à la recherche d’athlètes ayant aussi connu un beau parcours scolaire. Par la suite, j’ai été approchée par plusieurs institutions et je suis allée en visiter deux. Mon choix était vraiment dicté par le côté scolaire! Bates n’est pas une université en tant que telle, c’est un liberal arts college, un collège d’arts libéraux qui offre une perspective beaucoup plus ouverte sur les cours offerts. Les deux premières années sont vraiment axées sur la découverte : elles permettent d’explorer une multitude de cours. Au fil de mon parcours, je dois suivre un cours dans cinq domaines qui n’ont aucun rapport avec mon champ d’études. J’ai choisi Bates parce que l’établissement jouit d’une bonne réputation au niveau de l’économie et des mathématiques. Je préfère ne pas me limiter, dans un premier temps, avant de voir plus tard les possibilités de maîtrise qui s’offriront à moi.

Et le volley là-dedans?

Pour faciliter le processus, j’ai fait affaire avec une entreprise qui a été fondée par deux Québécois : Sports Ambitions. Les fondateurs ont tous deux joué au soccer aux États-Unis et ils ont trouvé le recrutement très ardu. Ils offrent des services de traduction, notamment pour les bulletins, ils font un montage vidéo pour te mettre en valeur, etc. Ils m’ont vraiment aidée pour tout ce qui concerne les documents d’admissibilité.

J’ai reçu ma lettre d’acceptation officielle le 11 décembre 2021 et j’étais tellement heureuse que j’ai pleuré!

Emma Patard

Je suis allée visiter le campus à la fin octobre et suis demeurée en contact avec l’entraîneuse tout le mois de novembre. J’ai reçu ma lettre d’acceptation officielle le 11 décembre 2021 et j’étais tellement heureuse que j’ai pleuré!

Je suis partie de chez moi à la mi-août et, les trois premières semaines, il n’y avait personne sur le campus. C’était la présaison pour nous et l’entraînement était intense avec deux pratiques par jour, beaucoup de rencontres avec des thérapeutes et des psychologues du sport pour vraiment essayer de consolider la chimie d’équipe et notre confiance personnelle en tant qu’athlète.

L’entraîneuse nous a envoyé des courriels avec une liste de choses à faire, des documents à remplir et, comme je suis une étudiante internationale, tout était plus compliqué. J’ai eu la chance d’être jumelée avec une fille de l’équipe, ma Big Sister;on se parle souvent et elle m’accompagne quand j’ai des questions ou pour m’aider à établir mon horaire. Sinon l’équipe est composée de filles qui viennent de partout aux États-Unis, de la Géorgie, de l’Arizona, d’Hawaï et de Californie, mais je suis la seule étudiante internationale.

Qu’est-ce qu’une journée typique pour toi?

La journée débute par un entraînement musculaire au gymnase à 7 heures et, vers 8 heures, nous avons un petit déjeuner en équipe. Je suis ensuite mes cours jusqu’à 13 heures. En après-midi, je rencontre mon entraîneuse pour que nous regardions ensemble des points spécifiques à travailler. Nous avons une pratique de 16 heures à 18 heures 30 et après, nous soupons en équipe. Je retourne ensuite à ma chambre pour étudier. Et puis… ça recommence! C’est comme ça cinq jours par semaine et, le vendredi après-midi, on a des matchs à la maison ou on part le samedi matin très tôt pour aller jouer à l’extérieur. En général, le dimanche, c’est notre journée de congé.

Pour l’hiver, ce sera différent, car c’est la basse saison au volleyball. Nous n’avons pas de compétition. Je vais être assistante de recherche pour un professeur d’économie et l’aider à constituer une base de données.

Selon toi, quelles sont les qualités d’une bonne joueuse de volley?

Je pense qu’il faut plus que du talent : il faut une éthique de travail. Toute carrière d’athlète est parsemée d’événements difficiles qui te poussent parfois dans tes derniers retranchements. Selon moi, la rigueur que Brébeuf m’a transmise fait toute la différence. Je le vois même dans mes études à Bates en ce moment : la persévérance est un élément clé.

Au fil de ton parcours, tu as certainement dû faire face à des défis. Peux-tu nous en dire un peu plus là-dessus?

Lors de ma dernière saison au collégial, j’étais blessée. Je m’étais déchirée les deux ménisques et je n’ai pu participer au championnat régional. À notre dernier tournoi, j’étais sur le banc avec mes deux entraîneurs : c’était crève-cœur parce que mon expérience collégiale s’est terminée de cette façon.

Pendant la COVID, cela a aussi été très difficile de ne pas pouvoir m’entraîner comme je l’aurais voulu. Pour moi, le volleyball a toujours été une échappatoire : quand je subis une frustration, quand j’ai de la peine et même quand je suis heureuse, je vais au gymnase pour frapper des ballons. Ne pas avoir accès au sport soit à cause d’une blessure, soit à cause d’une pandémie, c’est vraiment difficile. Il faut beaucoup de force intérieure pour continuer à se pousser! J’allais au gymnase pour m’entraîner musculairement afin d’être au meilleur de ma capacité à mon retour sur le terrain. Quand j’étais blessée, je devais aller chez le physiothérapeute et faire mes exercices pour mettre tous les atouts de mon côté et demeurer en forme. Ça passe aussi par une bonne alimentation, rester dans un état d’esprit sain et parfois même consulter des psychologues sportifs qui peuvent nous accompagner à cet égard. Ce qu’il faut comprendre, c’est que récupérer après une blessure, ça fait mal physiquement, mais ça fait aussi mal mentalement. Le fait de rater des pratiques ou des tournois peut parfois te faire douter de ta place dans l’équipe. Est- ce que je vais revenir? Qu’est-ce qui va se passer? Ce sont des aspects qui sont très difficiles à gérer. Il est donc primordial de bien s’entourer et de trouver les ressources nécessaires pour continuer à avancer.

En action avec les joueuses du secondaire

Qu’est-ce que tu dirais à la petite Emma qui a entrepris de jouer au volley?

Je lui dirais qu’on a atteint notre objectif! Petite, quand je regardais les filles aux Olympiques, je me disais que je voulais jouer à l’université, que je voulais y arriver. Mes parents ont été un soutien inestimable : ils ont su m’encadrer et me donner les outils nécessaires pour m’épanouir dans la vie. Mon père et ma mère me conseillent toujours de suivre le parcours le plus ardu car, en définitive, c’est celui qui rapporte le plus. C’est celui qui permet de se sentir encore mieux. Ce n’est pas facile de se pousser sans cesse et de ne pas laisser tomber pour atteindre un tel niveau. Et puis, je sais que je ne vais pas jouer au niveau professionnel parce que je veux prioriser ma carrière. Cela veut donc dire que j’entame mes quatre dernières années… Je suis vraiment contente de m’être rendue là, mais c’est le début de la fin pour moi.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les années à venir?

Je ne sais pas encore ce que je veux faire : j’ai de multiples possibilités. J’ai toujours souhaité aller à Harvard, c’est ce que je souhaite depuis que je suis toute petite. Je pense que Bates va m’offrir cette occasion. Pour l’instant, je souhaite terminer mes quatre années en beauté et connaître une conclusion positive sur le plan sportif. Je passerai ensuite à autre chose et je continuerai à pousser mes limites en me fixant d’autres objectifs.

Est-ce que tu sais vers quel métier tu te diriges?

Au cours des dernières années, j’ai fait deux stages dans le domaine des marchés financiers; ça a été très intéressant d’être une femme de cet âge sur le marché du travail. Cela donne une perspective sur le marché du travail qui est complètement différente. C’est sûr que je me destine à la finance, mais je ne sais pas exactement dans quel domaine. Les prochaines années vont me permettre de le découvrir, d’aller faire une multitude de stages et d’acquérir de l’expérience pour voir ce qui m’intéresse avant de choisir un métier qui cadrera avec ma personnalité.

À toi le mot de la fin 😉

J’aimerais remercier monsieur Beauregard, le responsable du programme de volleyball élite! Il m’a accompagnée dans le volley depuis que je suis toute jeune. Il n’était pas directeur du programme quand je suis arrivée, mais c’est vraiment avec lui que j’ai développé un lien et j’ai toujours senti qu’il était là pour m’appuyer même dans les moments les plus difficiles. Nous avons eu des conversations sur une foule de sujets et celles-ci m’ont tenu compagnie tout au long de mon parcours. Merci!