Juan Fernández González est diplômé du Collège Brébeuf au DEC Sciences, lettres et arts en 2016 et titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’architecture de l’Université McGill.
Il poursuivra maintenant sa formation à l’Université Harvard dans le programme de maîtrise en architecture. Il a appris la nouvelle par courriel le 1er mars dernier… en cuisinant! Il commencera le programme de trois ans et demi en août prochain. La Harvard Graduate School of Design va même lui financer 75 % du coût de ses études.
Nous avons rencontré Juan. Il nous parle de son parcours atypique; celui du petit garçon venu du Mexique qui voulait devenir architecte.
Auteur : Vincent Wallon
Du Mexique au Collège Brébeuf
Juan Fernández González a grandi au Mexique. Il savait dès l’école primaire qu’il voulait être architecte. Arrivé à Montréal à 12 ans avec sa famille en 2009, il avait des connaissances de base en anglais, mais ne parlait pas français, se souvient-il.
Il a fait ses études secondaires à l’école secondaire de Westmount et au Collège international Marie de France. Et en 2014, il est entré au Collège Brébeuf dans le programme du DEC Sciences, lettres et arts. Pour lui, ce programme multidisciplinaire semblait « le plus intéressant » et adapté pour « étudier ensuite dans le domaine de l’architecture ».
De la persévérance, du soutien et des valeurs
« Même si j’ai adoré mes études au Collège », nous dit-il, ces deux années « n’ont pas été faciles ». « Au début de ma première année, je n’avais pas une cote R assez élevée pour entrer dans les programmes d’architecture. J’ai dû travailler très fort pour être accepté à McGill », précise-t-il. Il se souvient même d’avoir passé certaines heures de dîner à la bibliothèque et d’avoir étudié et lu des livres en « faisant des boucles entre les lignes orange et bleue » du métro de Montréal.
Par ailleurs, il a aussi apprécié la solidarité qu’il trouvait auprès des autres étudiants et l’équilibre entre une saine compétition et l’entraide. Ses amis de SLA l’ont motivé. Il a appris à se discipliner et à gérer son temps. Faire partie de l’équipe de crosscountry lui a également permis de se dépasser.
« Mes professeurs et mes amis en SLA ont été une grande source d’inspiration pour moi. M. Nicolae Popescu, par exemple, m’a appris à mieux penser avec des métaphores. » – Juan Fernández González
Ses efforts ont été récompensés. Avec l’obtention de son diplôme au Collège Brébeuf en 2016, Juan a aussi partagé l’un des deux Prix Colette Staub avec Gabrielle Denault, une autre étudiante de sa cohorte. Ce dernier est attribué aux élèves du programme Sciences, lettres et arts pour leur performance académique et leur implication exceptionnelle dans les activités extracurriculaires.
La découverte d’une construction géométrique
Durant ses deux années au collégial, il a continué de développer sa passion pour la géométrie. Cette dernière l’a conduit à faire la découverte d’une construction géométrique publiée dans l’article Chemins homothétiques, du Bulletin AMQ de l’Association mathématique du Québec en mai 2016.
« J’avais l’habitude de rester après les cours pour dessiner des formes géométriques au tableau avec Philippe Dompierre, Anne-Marie Lorrain et Marie-Claude Périgny, mes professeurs de mathématiques. C’est grandement grâce à ces discussions stimulantes que la découverte a pu évoluer. » – Juan Fernández González
Juan ajoute que les retombées de sa découverte sur ces structures mathématiques peuvent aider à la création en architecture de structures physiques moins denses en matériel et plus écologiques.
Depuis, Juan a publié d’autres découvertes en géométrie avec le Bulletin AMQ, présentées à la réunion d’hiver de la Société mathématique du Canada en 2020.
Du dessin et des caricatures
Juan a toujours aimé dessiner. Au Collège Brébeuf, il faisait des caricatures de certains de ses professeurs pour le journal étudiant Le Graffiti. Ces derniers le payaient même pour les faire, ajoute-t-il d’un ton rieur. Il sait aussi que certains d’entre eux les utilisent encore dans leurs plans de cours ou les affichent sur la porte de leur bureau.
Aujourd’hui, il souhaite préciser que « la plupart des architectes et des étudiants en architecture travaillent principalement avec des outils numériques ». Et contrairement à cette majorité, son portfolio envoyé à l’Université Harvard comportait principalement des dessins à la main.
« Je crois que mes découvertes en géométrie et les nombreux dessins à la main dans mon portfolio, entre autres, m’ont démarqué comme candidat et m’ont permis d’être accepté à Harvard. » – Juan Fernández González
Un baccalauréat en sciences de l’architecture à McGill et le début de sa vie professionnelle
À l’Université McGill, « j’ai passé beaucoup de longues nuits au studio d’architecture, seul ou avec mes amis, et c’était super amusant », se confie Juan. Il a été lauréat de neuf prix et bourses, entre autres pour ses dessins à la main, son excellence en histoire de l’architecture, la qualité de ses projets créatifs et son leadership.
En tant qu’étudiant à McGill et pendant l’été, Juan a aussi donné de son temps. « J’ai réparé des châteaux médiévaux en France en tant que maçon et aidé l’équipe canadienne à la Biennale d’architecture de Venise », précise-t-il.
Après l’obtention de son baccalauréat en sciences de l’architecture, il a commencé sa carrière professionnelle en tant qu’enseignant collaborateur au cours de dessin Sketching School avec ses professeurs de l’école d’architecture de McGill.
Il a ensuite travaillé comme stagiaire dans la prestigieuse firme d’architecture Lemay et comme assistant de recherche pour le projet dadaDome de l’architecte Susane Havelka pour la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Le projet propose une option de logement durable pour le Nord canadien, inspirée des traditions culturelles et des modes de vie des Inuits.
Finalement, Juan est auteur ou co-auteur de publications en mathématiques et en urbanisme. Dans son dernier article, il propose une méthode mathématique pour ralentir la contagion de la COVID-19 dans les espaces étroits de circulation publique des établissements informels; aussi appelés « bidonvilles ».
Après l’Université Harvard?
Juan Fernández González se donne d’ambitieux et motivants objectifs. « Dans le futur, j’aimerais avoir une carrière internationale en tant qu’architecte et professeur. Je veux apprendre de mes héros en architecture autour du monde et construire pour aider les gens, tout en enseignant à des jeunes motivés », nous dit-il.
« Je crois que l’architecture doit être centrée sur les personnes. Dans le futur, je veux créer des espaces dans lesquels tout le monde se sent le bienvenu », conclut-il.