Édouard Benoît, étudiant en Sciences de la nature option Sciences santé, est un modèle de persévérance et un passionné de son sport, le basketball. Il a commencé son parcours il y a sept ans, dès la 1re secondaire au Collège dans l’option Sport et monde, où il a joint l’équipe élite de basketball dès ses débuts. Cette année, Édouard a reçu le titre de joueur masculin par excellence du RSEQ pour la saison 2022-2023. C’est un exploit hors du commun puisqu’il s’agit de sa deuxième année d’admissibilité et que certains athlètes ailleurs au pays peuvent demeurer admissibles pour une fenêtre de cinq ans. 

Peux-tu nous parler un peu de ton parcours sportif depuis les débuts?
J’ai commencé à jouer au basketball au secondaire. Avant, je ne faisais pas vraiment de sport organisé. Je jouais au soccer dans la cour de récréation au primaire puis parfois au basket, mais je ne savais pas vraiment comment jouer; je savais seulement que j’aimais ça. En arrivant au secondaire, se sont tenus des essais pour choisir notre programme. J’avais décidé d’aller en sport et il fallait aussi choisir la concentration dans ce programme. Il y avait trois options : multisports, hockey, basket. J’ai choisi le basket. Les entraîneurs sont venus me parler. Ils m’ont fait voir à quel point le basket est un beau sport et je me suis dit : « Je vais aller essayer ça! »

Au début de la 1re secondaire se tiennent les essais pour les équipes élites qui joueront éventuellement en compétition contre d’autres écoles. J’ai participé aux essais pour le volley-ball et le basketball et j’ai décidé de participer à l’équipe de basketball. J’ai donc commencé ma première année et je suis vraiment tombé en amour avec ce sport. Mon entraîneur de l’époque était plutôt gentil et, à cette époque-là, je pense que c’était l’entraîneur parfait pour moi parce que j’étais plus sensible. Cela m’a permis de découvrir le sport sans avoir à me soucier de la partie trop compétitive pour laquelle je n’étais pas nécessairement prêt.

De gauche à droite: 1re secondaire, 2e secondaire, 4e secondaire et collégial 1

En secondaire 2, Vincent Lévy est devenu l’entraîneur, et il était plus compétitif. C’était plus dur pour les joueurs mais une bonne chose pour moi parce que j’avais besoin de me familiariser avec l’aspect compétitif du sport pour atteindre un meilleur niveau. L’ajustement n’a pas été facile pour moi, mais cela m’a appris à forger mon caractère et, avec le recul, j’en avais besoin.

Édouard Benoît, première étoile de la ligue en 3e secondaire

Je dirais que la 3e secondaire est vraiment l’année au cours de laquelle j’ai réalisé que je pouvais faire quelque chose dans ce sport! J’ai été nommé à la première équipe étoile de la ligue. Pour être ainsi nommé, il faut se classer parmi les cinq meilleurs joueurs de la ligue. Ce fut une bonne année et j’ai commencé à marquer plus de buts.

En 4e secondaire, on joue au niveau juvénile. En 4e et 5e secondaire, mon entraîneur a été Mehdi Stambouli, un super bon entraîneur. Au début on joue contre des plus vieux et, comme je ne suis pas le plus costaud, j’ai eu un peu de mal. Quelques mois plus tard est survenu un déclic et j’ai alors commencé à avoir plus de temps de jeu. Au cours de l’année, j’ai réussi à figurer parmi les cinq partants, ce qui représentait un véritable accomplissement pour moi parce que c’est une ligue de 4e et 5e secondaire et que j’étais parmi les plus jeunes.

En 4e secondaire, la saison a été arrêtée par la pandémie, juste avant les séries éliminatoires. Donc en secondaire 5, je n’ai pas eu de saison… Ça a été très dur à accepter parce que nous étions bons et que nous étions tous certains que nous allions gagner! Il me semble qu’au cours de cette période tous les athlètes ont dû décider s’ils allaient ou non poursuivre la pratique de leur sport. Dans ma cohorte, la quasi-totalité des meilleurs joueurs de l’équipe ont continué en division 1 (D1) ou en division 2 (D2). Au début de la COVID, les choses n’ont pas été faciles parce que la pratique du sport avait été interrompue et que l’on devait continuer à s’entraîner seuls. On pouvait parfois aller faire quelques paniers dans un gymnase accessible. Sinon, pour notre pratique hebdomadaire, nous devions porter le masque et respecter plusieurs restrictions sanitaires. Et pas le moindre match… Cela a été vraiment difficile et ce n’est pas comme ça que nous voulions terminer notre secondaire. Les entraîneurs continuaient à nous encadrer et essayaient de nous trouver un maximum de plages possibles dans les gymnases.

À travers tout ça, j’adorais la compétitivité du sport, je jouais pour gagner et donner tout ce que j’avais. Cet aspect-là a commencé à prendre plus de place en 3e secondaire. Par contre, quand ça allait moins bien, je commencer vite à trop penser, à douter de moi et à me remettre en question. C’est vraiment plus au collégial que j’ai appris à arrêter de faire ça!

Édouard Benoît

Par la suite, à la fin du secondaire 5, le collégial m’a recruté pour que je joue en D1. Il s’agissait d’une toute nouvelle équipe et les débuts ont été ardus. Il faut savoir que les joueurs qui font partie de cette équipe sont recrutés dans d’autres écoles. Le niveau est donc très élevé et je n’étais pas le meilleur. La première moitié de l’année, je n’ai pratiquement pas joué pendant les matchs. C’est éprouvant pour la confiance et très dur de se sortir de cet état sur le plan mental.
Pendant les vacances de Noël, on a joué contre une équipe qui n’avait pas encore perdu un match depuis le début de la saison et quelque chose a débloqué. C’est à partir de ce moment que mon côté compétitif est vraiment ressorti! J’ai fait partie des cinq joueurs partants au cours de la deuxième moitié de l’année, ce qui représente une excellente progression pour une première année. L’été dernier, je me suis entraîné avec Brébeuf pour être encore meilleur pour cette année. Et cette année a été bonne : j’ai joué un plus grand rôle de leader au sein de l’équipe et j’ai assumé plus de responsabilités. Je pense que je suis celui qui travaille le plus fort sur le plan de l’intensité et je donne tout ce que j’ai. Il me semble que c’est pour ça que j’ai connu une bonne année! Si je ne pense pas être le plus talentueux, je me démarque par mon ardeur au travail. Au début de l’année, jamais aurais-je pu penser que je serais nommé le joueur le plus utile (JPU) de la ligue.


Peux-tu nous en dire plus sur ce prix?
Ce prix est remis au joueur dont l’apport à l’équipe est le plus important de toute la ligue. Celui qui aide le plus à gagner, qui contribue le plus au succès de son équipe. Ça peut être en marquant des buts, en prenant les rebonds, etc. Le prix est décerné au terme d’un vote auprès des entraîneurs de la ligue. Omar Migues-Hibeljic, un de mes coéquipiers, s’est d’ailleurs classé à seulement un vote derrière moi. C’est aussi un honneur auquel je ne m’attendais pas au début de l’année! C’est pour ça, je pense, qu’il ne faut pas se fixer des objectifs trop bas… moi, je les avais fixés trop bas.

Quand il n’y a pas de basket, il manque quelque chose. Ça fait partie de ma vie et de ma routine. Ça fait partie de moi!

Édouard Benoît

La saison est maintenant terminée, quelles sont les prochaines étapes pour toi?
Après la défaite crève-cœur contre Dawson au championnat provincial, Mike, notre entraîneur, nous a donné congé. Il faut du temps à l’équipe pour se remettre de cette déception. On a besoin d’un moment pour en parler en équipe, et individuellement aussi, avec nos entraîneurs. Pour ma part, cet été, je vais jouer avec l’équipe Brookwood Elite (en anglais). C’est une équipe qui organise des essais tous les ans aux États-Unis. Ils sélectionnent 12 joueurs et on va jouer contre d’autres équipes pour se faire recruter par des universités américaines.
Mon but est d’aller jouer pour une équipe de la D1 de la NCAA, qui est la ligue américaine universitaire. Jouer avec Brookwood représente une bonne façon d’atteindre cet objectif. Je pense vraiment que c’est ma chance, cet été, de me faire remarquer. S’ils sont intéressés, ils appellent notre entraîneur au cours de l’été et ils déposent une offre. Et après avoir joué universitaire, j’aimerais venir jouer l’été pour l’Alliance, l’équipe de Montréal. Et peut-être aller jouer professionnel en Europe et, si je m’améliore assez, jouer dans la NBA!


Est-ce que tu trouves ça dur d’allier ton sport à tes études?
C’est sûr que c’est difficile… parfois, je rentre après ma pratique vers 21 h 30 et je n’ai pas envie de faire mes devoirs, je suis fatigué. J’ai juste envie de me doucher, manger et dormir, mais je dois le faire! À l’école, il y a une initiative qui aide beaucoup : on peut envoyer nos préférences d’horaire à l’aide pédagogique individuelle (API) pour nos cours. Par exemple, trois jours par semaine, je commence en après-midi. Donc, ça m’aide à faire mes devoirs le matin! Sans ces accommodements, ce serait vraiment difficile. En même temps, je me dis que ça ne va pas être facile plus tard, sur le marché du travail; ça nous aide donc et ça nous forme pour après.
Personnellement, je n’ai pas trop besoin d’aide pour m’organiser, mais ceux qui en ont besoin sont encadrés. Il est déjà arrivé qu’un entraîneur confisque un téléphone pour que le joueur fasse ce qu’il a à faire, et je pense que c’est une super bonne affaire. Les entraîneurs veulent le meilleur de nous et, pour y parvenir, il faut parfois être strict. Je pense que tout athlète doit être suffisamment responsable pour organiser son horaire. C’est notre travail d’allier le sport aux études, mais eux, ils sont assez gentils pour le faire avec nous.

Édouard en action

Qu’est-ce qu’un bon entraîneur pour toi?
C’est quelqu’un qui te remet à ta place quand il le faut, qui veut le meilleur pour toi, qui est honnête et qui, bien évidemment, s’y connaît super bien en basket. C’est aussi quelqu’un avec qui tu te sens à l’aise de parler. Un bon entraîneur veut le meilleur pour toi : quand il décide quelque chose, il l’applique. Si tu ne respectes pas ça, si tu n’es pas en phase avec l’équipe, il te remet à ta place. Et ça, je trouve que c’est bien.


Quel sont les meilleur et pire moments de ton parcours?

Mon gros défi a clairement été la première moitié de ma première année au collégial, quand je ne touchais pas le terrain. Ça a été dur de me sortir mentalement de cet état et de me dire : « t’es bon, t’es capable ». Et mon meilleur moment, c’est probablement mon match pour la médaille de bronze de cette année, où j’ai eu 34 points et 18 rebonds. Un autre bon moment serait la demi-finale… mais on a perdu! Mais pour moi, personnellement, c’était une bonne performance.

Le mot de la fin pour toi…
J’aimerais remercier tous les entraîneurs que j’ai connus parce que, sans eux, je n’aimerais pas le sport comme je l’aime aujourd’hui… Et quand je jouerai pour une équipe de la NCAA, je leur achèterai des billets pour qu’ils viennent me voir!!

Entraîneur-chef de l’équide, division 1 : Michael Chmielewski et entraîneurs adjoints : Adam Chmielewski, Wismar Raymond, Woodwendy Seraphin et Irvin Nsengiyumva.

Médaille de bronze pour l’équipe de basketball division 1 au championnat provincial