Dans le cadre des cours de français, des élèves de secondaire ont écrit des textes sur la pandémie de COVID-19. Ils offrent un regard très personnel, sensible, littéraire ou descriptif sur cette crise.

Merci aux élèves de nous avoir donné l’autorisation de publier leur texte et merci à leur enseignante de français, Anne-Marie Lafleur, pour l’initiative.

Bonne lecture!


Étouffée

Un texte de Sneha Dey, élève de 5e secondaire

Je me suis levée assez tôt aujourd’hui, je pense. Honnêtement, le matin est devenu un temps inconnu depuis cette quarantaine. Je ne vais plus à l’école, je ne fais plus les travaux scolaires, je ne vois plus mes amies chaque jour, je ne mange plus à une bonne heure, je ne parle plus à mes parents, je ne sors plus de ma chambre et je n’ai guère plus d’émotions. La liste est longue. Mes rideaux sont fermés, je ne reconnais plus le soleil, la lumière. Ainsi, j’offre à la noirceur une voie déjà pavée pour m’englober. La joie, le bonheur et le sentiment de vouloir voir demain me sont inconnus.

Je me sens efficacement inutile. À mon détriment, je me déteste de plus en plus chaque jour. Je me noie dans mes pensées destructives et ma personnalité toxique. Je coupe toutes mes relations avec une hache en fer. Je détruis mon intellectualité en passant une éternité plongée dans l’écran de mon cellulaire qui ne me donne que de mauvaises nouvelles et des « mèmes » dépressifs sont vomis. Je brûle mon intégrité en publiant des centaines de messages d’espoir auquel je ne crois même plus. Et je pleure. Je pleure et je pleure pendant des heures et des heures.

Je verse des larmes pour chaque minute où j’aurais pu être avec des amis en train de jaser à propos de sujets inutiles. Je verse des larmes pour chaque jour où j’ai espéré ne pas avoir de cours, ainsi, ne pas voir mes professeurs. Je verse des larmes pour mes rêves, maintenant, démolis en cendres. Le rêve de chaque jeune fille de s’habiller comme une princesse, de se maquiller comme une reine et de passer le reste de la nuit en dansant avec son prince charmant. Un des grands jalons de la vie, aboli. Une journée pour laquelle chaque étudiant envisageait marcher à travers une scène avec une mince pièce de papier pour célébrer cinq années, 900 jours et d’innombrables heures de travail pénible. Une journée dans laquelle tout un album de photos devait être rempli. Une seule journée pour être fière de soi-même et lancer son chapeau vers le ciel pour essayer de toucher le bout de ses succès. Par contre, aujourd’hui, je suis incapable de lever ma tête et faire face au grand bleu.

Mon désespoir, mon chagrin et mes ennuis ne sont pas que les miens. Nous sommes tous dans le même bateau. Nous, les élèves de secondaire 5, nous, les femmes enceintes qui devons accoucher, nous, les couples qui devons nous marier et nous, les victimes qui avons arrêté d’être soudainement. Encore une fois, la liste est longue.

Il a accompli ce qu’il fait de mieux; ce maudit virus a volé notre souffle.


Le coronavirus, est-ce pire qu’une guerre ?

Un texte d’Orion Poyet, élève de 2e secondaire, 24 mars 2020

Depuis trois mois déjà, la planète tout entière est terrassée par une bête. Une bête féroce, sans peur, si petite qu’elle est invisible à l’œil nu. Cette bête, nommée coronavirus ou Covid-19, a déjà tué plus de 17000 personnes! Dans ce texte, nous allons parler des effets de ce virus et comment il a réussi à se propager si rapidement.

Premièrement, parlons un peu du virus. Les scientifiques pensent qu’il est apparu en décembre 2019 à Wuhan, en Chine. Une des raisons pour laquelle il a pu se propager si rapidement est due au fait que le gouvernement chinois n’a pas, selon certaines sources, réagi assez rapidement et a ignoré le virus. Une deuxième raison qui expliquerait la propagation du virus est le fait qu’une personne infectée peut transmettre celui-ci avant même d’avoir des symptômes, contrairement à la plupart des infections respiratoires du type corona, comme le SRAS, par exemple. En parlant des symptômes du virus, ceux-ci sont semblables à ceux d’un rhume ordinaire, c’est-à-dire des difficultés respiratoires, de la toux sèche ou grasse et des douleurs pulmonaires ainsi qu’une fièvre omniprésente. En revanche, une particularité du virus est que l’apparition des symptômes peut se faire attendre pendant plusieurs jours jusqu’à un maximum de 14 jours. Cela veut dire qu’une personne infectée peut infecter des centaines d’autres personnes pendant 14 jours sans savoir qu’elle est atteinte du Covid-19. De plus, il est important de savoir qu’une personne atteinte du coronavirus n’est pas destinée à mourir. Effectivement, le virus ne devrait inquiéter que les personnes de 60 ans et plus, car selon les statistiques, la majorité des décédés sont des personnes de l’âge d’or ayant déjà plusieurs problèmes, comme de l’hypertension. Finalement, il faut comprendre qu’il est important de bien se protéger, car certains experts pensent que le virus tuera environ 52 millions de personnes mondialement.

En deuxième lieu, parlons maintenant de l’effet de ce virus sur la vie des humains qu’il habite. Ce n’est qu’en janvier 2020 que le virus fut signalé en Chine et que des mesures pour le contenir furent mises en place. Malheureusement, sûrement à cause de la population très élevée de ce pays, le virus a réussi à se propager et s’est déplacé en Europe notamment, mais aussi dans tous les continents du monde. L’Italie est présentement le pays le plus touché avec environ 600 morts par jour, mais la France, l’Iran et les États-Unis font aussi partie de ce palmarès morbide. La Chine, cependant ne déclare plus qu’une vingtaine de morts par jour, ce qui est très improbable, vu que c’est le pays avec le plus de personnes âgées au monde et c’est l’endroit ou la pandémie a commencé. À cause de ce taux élevé de morts, le Canada et de nombreux autres pays ont fermé les écoles, les bars, les restaurants, et ont instauré de nouvelles lois interdisant les rassemblements. Aussi, le gouvernement a coupé des milliers d’emplois et le taux de chômage est en train de monter de façon exponentielle. Malheureusement, malgré toutes ces préventions, l’état des contaminations ne fait qu’empirer et la concoction d’un vaccin n’est pas en vue. Finalement, au niveau économique, la bourse est tombée plus qu’elle ne l’a jamais fait et plusieurs personnes se sont retrouvées dans la rue.

En conclusion, tout ce que nous pouvons faire est de moins avoir de contact avec le monde extérieur, bien se laver les mains et arrêter de se toucher le visage. Espérons qu’une solution arrivera bientôt afin de prévenir une catastrophe autant économique qu’au niveau de la santé. En effet, avec tout ce que nous connaissons de ce virus, que pourrait être la solution?


COVID-19 

Un texte de Jean-Emmanuel Chouinard, élève de 5e secondaire

Sans trop y penser, sans qu’on lui porte attention, une crise sanitaire a débuté en Chine dans la région de Wuhan en janvier. Au départ, rien d’inquiétant, la dernière pandémie que nous avons vécue a affecté en majorité les pays d’Afrique et n’a pas tant voyagé. Aujourd’hui, après un mois et demi, cette nouvelle pandémie a été repérée partout : Chine, Corée du Sud, Japon, Italie, Espagne, France, Angleterre, Canada, États-Unis (1). Une croissance exponentielle du nombre de cas a suivi. Les frontières fermèrent. Les gouvernements mirent en place des mesures drastiques pour arrêter sa propagation. L’économie s’écrasa en une fraction de seconde. La demande en masques et en équipements médicaux bondit. Le prix du pétrole chuta. Les écoles ont fermé leurs portessuivies de près par les centres d’achat. Peu sont ceux qui se pointent le nez dehors. Les épiceries peinent à fournir ce dont tous ont besoin. Les rassemblements sont interdits. Les contacts sont interdits. Les déplacements sont interdits. La vie est interdite! (2) Tout ce qui nous rendait humains nous a été pris en un seul mois.  

Je reste chez moi dans ma maison, à Montréal. J’erre dans mes pensées. Je cherche je ne sais quoi, une étincelle de lumière dans cette obscurité, un réconfort dans cette panique latente (3)J’entends un petit cri. Un cri qu’on entend sans trop y penser, sans qu’on ne lui porte attention parce que je suis seul sur cette île maintenant déserte, elle cesse de respirer (4). Ma bouteille de verre voguant au rythme des flots est ouverte, je ne sais pas si elle se rendra à destination. Tout ce que je sais, ou ce que je pense savoir, est qu’elle n’est pas seule, qu’une mer de verre (5) se dirige vers la même destination. Certaines caleront, certaines se rendront, mais une chose est sûre : tous restent chez eux, tous errent dans leurs pensées. Personne ne peut les contrôler en ce moment, elles virevoltent dans leur esprit, fracassant tout sur leur passage, laissant la place à un nouveau nous, un nouvel être que nous avions longtemps oublié. Cet être méconnu, quoiqu’en nous, est un extrémiste du survivalisme. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour se garder en vie. Il ne réfléchit pas, il agit. Il voit ce dont il a besoin et il le prend. Pas le temps de penser, je vais y passer! (6) C’est à ce moment précis que je réalise que le cri a pris le dessus.  

Il est trop tard. Il a pris le dessus. Et je ne suis pas le seul noyé. 

(1) Énumération
(2) Répétion
(3) Oxymore
(4) Personnification
(5) Assonance
(6) Assonance


Le médecin

Un texte d’Orion Poyet, élève de 2e secondaire

Un homme entra dans la chambre, poussant devant lui un chariot recouvert d’un drap blanc. Une fois entré, il ferma doucement la porte derrière lui et s’assied face à la civière. Cet homme, auparavant si stoïque, ne pouvait plus à présent se tenir droit. Les épaules courbées sous le poids d’un immense fardeau, la tête penchée en signe d’abandon, l’esprit pourchassé par les centaines d’âmes qu’il n’avait pu sauver, il passait désormais ses jours et ses nuits dans cette pièce. Immobile sur sa chaise, les doigts crispés autour des barreaux, les yeux rivés sur le drap, le malheureux paraissait sans vie. Soudain, lâchant un cri terrible, un cri capable de glacer le temps lui-même, l’homme se leva et, d’un pas résigné, avança vers le laboratoire. Là, il s’assied à nouveau, mais cette fois, ses mains vinrent attraper des fioles remplies d’un liquide ocre et, toutes tremblantes vinrent les placer sous un microscope. Puis, fermant un œil, ouvrant l’autre, il vint le coller à la lunette et commença une routine qu’il avait complétée des milliers de fois, sans succès.

Cependant, au bout d’un moment, il releva lentement la tête, et sur cette bouche livide, un observateur à l’œil perçant aurait cru entrevoir l’ombre d’un sourire, qui lentement devint une esquisse et finalement, un éclat de chaleur dans cet environnement lugubre. Puis, ce même observateur aurait pu voir une étincelle de joie dans ses yeux torturés, qui lentement se transforma en flamme qui vint donner un peu de rouge à ce visage blême. Finalement, cet observateur, s’il avait une fine oreille, aurait su entendre un tremblement rauque venant de la gorge de l’homme, qui se changeant rapidement en une éternelle acclamation de bonheur, ne pouvant venir que d’un homme au comble de sa joie. Et ce n’est qu’après ce cri hystérique que le médecin italien sortit en courant alerter ses collègues, car dans le laboratoire abandonné, accoté contre le microscope, gisait le vaccin pour la pandémie que nous vivons.