Alice Pascual, comédienne, et Brigiette Haentjens, metteuse en scène avec des étudiants d’ALC

Dans le cadre du cours de théâtre « Jeu et interprétation », des étudiants en première année du programme ALC ont assisté à la pièce « Sang » écrite par l’auteur suédois Lars Norén et mise en scène par Brigitte Haentjens. Une des actrices en vedette est Alice Pascual, une ancienne étudiante du programme ALC.

Début février, sur la scène de la salle Jacques-Maurice du Collège, les élèves ont eu la chance d’échanger sur la direction d’acteur avec la metteuse en scène et la comédienne.

Une mise en scène moins conventionnelle

Une élève a demandé pourquoi la pièce Sang n’était pas interprétée « à l’italienne », le style de mise en scène le plus connu. Elle voulait savoir si le fait d’avoir des acteurs faisant parfois dos au public vise à faire comprendre qu’il y a différents points de vue dans l’histoire. Mme Haentjens a répondu que oui, en ajoutant à la blague que « c’est un truc pour faire revenir le public ».

Plus sérieusement, elle a précisé que « cela part d’une raison précise » :

« Je savais d’instinct que quand on le fait “à l’italienne”, à cause du style d’écriture de [Lars Norén] qui ressemble presque à une écriture de téléroman […], ça créerait une distance trop grande, qui permet de s’échapper. Alors je savais que ça devrait être [vu] de plusieurs côtés. » – Brigitte Haentjens

Brigitte Haentjens, metteuse en scène – Photo : Usine C

Alice Pascual a ajouté que ce choix de mise en scène particulier fut également un défi pour les acteurs : « On a l’impression d’être vu juste quand on voit. Des fois, en répétition, on se disait : “Mais là, ça fait longtemps que je suis de dos!”. On a dû lutter et s’abandonner. Ça donne beaucoup de liberté d’accepter que ce ne soit pas nous qui choisissons nos regards. Il y a quelque chose de complètement aléatoire dans le regard du spectateur, qui crée des expériences individuelles pour [eux]. »

Alice Pascual, comédienne, et Brigiette Haentjens, metteuse en scène avec des étudiants d’ALC

Des recherches et des rencontres bouleversantes

Une deuxième élève voulait savoir si Mme Haentjens s’était sentie obligée de faire de la recherche sur les évènements au Chili afin de rendre justice à la pièce.

Cette question est particulièrement pertinente. En effet, l’histoire de Sang est celle de militants socialistes chiliens opposés à la dictature de Pinochet fuyant leur pays en abandonnant leur fils, alors âgé de sept ans.

La metteuse en scène et les acteurs ont effectivement fait leurs recherches en travaillant sur ce projet. Alice Pascual précise qu’ils ont rencontré des Chiliens, un an environ avant le spectacle.

« Ç’a été bouleversant, d’ailleurs. On a tous été très, très ébranlés par ces échanges avec ces gens qui ont généreusement parlé de leur expérience, parfois de torture. [Ce sont] des gens qui ont exactement le parcours [des deux personnages principaux], mais au Québec. » – Alice Pascual

Alice Pascual – Photo : Julie Artacho

Alice Pascual précise aussi qu’ils avaient aussi « un [gros] cahier où toutes les choses auxquelles on fait référence dans le texte sont toutes prises en charge par des écrits plus profonds. On avait donc du matériel pour aller très loin dans la compréhension, la connaissance. C’est nécessaire. C’est passer à côté de quelque chose que de ne pas s’intéresser à cette partie de notre histoire […] en tant qu’humanité. »

Pour sa part, un étudiant voulait savoir comment la metteuse en scène a préparé les acteurs à la scène la plus violente de la pièce.

« Tu commences par dessiner quelque chose de vague. C’est comparable au dessin ou à la peinture dans le sens où tu fais un gros trait puis tu [le] précises. Personnellement, je supporte très mal la violence, alors c’est [une tâche] difficile. […] Les acteurs pratiquent d’abord mécaniquement, sans émotion; c’est une chorégraphie. Une personne s’y connaissant en combat [les a accompagnés]. » – Brigitte Haentjens

Pour en savoir plus sur la pièce de théâtre Sang à l’Usine C.