Le non-renouvellement du contrat de Mme Jacqueline Laurent-Auger comme animatrice d’ateliers de théâtre au Collège Jean-de-Brébeuf a soulevé plusieurs commentaires dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces commentaires, nous les accueillons avec respect, sachant très bien qu’en matière d’éducation et de valeurs morales, il est très difficile de faire l’unanimité et que la confrontation des idées aide à former des esprits éclairés.
Revoyons les faits. Le printemps dernier, des élèves du Collège ont découvert, par l’entremise d’Internet, des films érotiques dans lesquels joue Mme Laurent-Auger. Que ces films aient été tournés il y a 40 ans ne change rien à leur caractère osé et suggestif, voire explicite. Grâce à l’Internet, cette filmographie des années 70 est, semble-t-il, redevenue à la mode et, si les films sont anciens, le regain de popularité pour ce type de cinéma, lui, est bien contemporain.
Comme éducateurs, nous devions nous poser la question de savoir quel message était transmis à tous nos élèves, garçons et filles, de la première à la cinquième secondaire, par le fait qu’une animatrice d’ateliers de théâtre était désormais vue sur Internet dans des scènes érotiques des plus suggestives. Est-ce que les films Le journal intime d’une nymphomane ou La bonzesse, dans lesquels Mme Laurent-Auger est en vedette et où on la voit dans des scènes érotiques, même dites softs, sont des modèles à suivre pour des élèves du secondaire qui s’initient au théâtre et aux arts en général ? On ne parle pas ici de peintures ou de sculptures de corps nus, réalisées dans un contexte esthétique et artistique, mais bien de scènes érotiques destinées à un public adulte.
Nous ne portons pas de jugement sur les mérites artistiques ou la moralité des films dans lesquels Mme Laurent-Auger a tourné. Mais l’Internet ayant ramené dans le présent le volet érotique de sa carrière, nous devions déterminer si cela lui permettait de poursuivre son accompagnement auprès de nos élèves dans un contexte serein et dépourvu d’allusions ou d’inconforts non propices à notre mission éducative.
Après discussion et réflexion, nous en sommes venus à la conclusion que le cinéma pour adulte doit demeurer ce qu’il est, c’est-à-dire un produit pour les adultes. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas renouveler le contrat de Mme Laurent-Auger. La disponibilité, sur l’Internet, des films érotiques dans lesquels elle a joué créait un tout nouveau contexte qui n’était pas idéal pour nos élèves.
Mme Laurent-Auger n’a pas été congédiée cavalièrement, ainsi que certains l’ont laissé entendre. C’est comme contractuelle qu’elle donnait deux séries d’ateliers par année d’un peu moins de 45 heures chacune, soit une lors du semestre d’automne et une autre lors du semestre hiver-printemps. Elle a été informée du non-renouvellement de son contrat en juillet dernier, soit plus de trois mois avant le début de ce qui aurait été sa prochaine session d’ateliers, afin de lui permettre de voir venir et d’accepter d’autres contrats si tel avait été son désir.
En notre qualité d’éducateurs, nous devions prendre une décision en fonction de ce que nous croyions être le meilleur intérêt de nos élèves et du Collège. C’est ce que nous pensons sincèrement avoir fait, même si nous savions que, quelle que soit la décision que nous allions prendre, nous ne pouvions plaire à tous.
Le 19 octobre 2014