Dany Laferrière, écrivain de l’Académie française, dans la salle Jacques-Maurice au Collège Jean-de-Brébeuf le 17 décembre 2019

Le mardi 17 décembre, l’Académicien québéco-haïtien Dany Laferrière a gentiment offert de son temps à de nombreux étudiants du Collège Jean-de-Brébeuf.

Un texte de Philippe Granger, étudiant du Collège Jean-de-Brébeuf de 2016 à 2019 – Photos : Maxime Côté.

Dany Laferrière au déjeuner avec des étudiants

L’auteur, qui a publié en novembre 2019 Vers d’autres rives, a commencé la journée en déjeunant avec quelques étudiants-reporters, qui ont profité de ce déjeuner pour lui poser quelques questions dans une atmosphère intime et décontractée.

Des plaisirs de dormir à la musicalité du français en Amérique, M. Laferrière, dégustant un avocat, s’est montré plus que généreux auprès des étudiants, leur partageant les secrets de l’écriture et de la lecture.

Par la suite, l’auteur s’est dirigé vers la scène de la Salle Jacques-Maurice afin d’entamer une conférence, avec en préambule Luc Thifault, le directeur du Collège, Christian Duvers, un étudiant de secondaire 5 et Anne-Marie Lafleur, professeure de français, qui a orchestré la venue de M. Laferrière.

Dany Laferrière lors de la conférence « Je découvre le monde : en lisant, en écrivant et en voyageant. »

Vers d’autres rives est un livre complètement en continuité avec son précédent, Autoportrait de Paris avec chat. Toujours avec des dessins et une écriture calligraphiée, le livre explore un nouveau style pour Laferrière, qui considère qu’écrire à la main est une discipline en soi. Le rendu est authentique, raffiné et plus qu’original.

Couverture du livre « Vers d’autres rives », aux éditions Boréal

Assis sur un siège au centre de la scène, Laferrière a peu parlé de ce nouveau livre, et a plutôt philosophé sur différents sujets. Le philosophe, a-t-il d’ailleurs précisé dans sa noblesse proverbiale, est quelqu’un qui a du temps. C’est sous ce genre de maximes si simples mais si réfléchies que Dany Laferrière n’a pas eu de mal à séduire l’auditoire au complet, qui, après la période de questions, s’est mis en ligne pour une généreuse séance de dédicace, où Laferrière a multiplié petits dessins et messages poétiques.

Dany Laferrière

Empreint d’une prestance inouïe, l’homme derrière les succès L’Énigme du retour, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer et Journal d’un écrivain en pyjama a su attirer l’attention des centaines de personnes de tous âges attroupées dans la salle, qui étaient accrochés aux lèvres de l’auteur, démontrant de surcroît l’intemporalité, la profondeur et la pertinence des écrits de Dany Laferrière.

Dany Laferrière

Ainsi a-t-il su charmer bon nombre de personnes en expliquant sa relation particulière avec sa mère et sa grand-mère. Relatant de nombreux évènements autant à Haïti qu’à Montréal, l’auteur arrivait toujours à trouver une belle conclusion pour englober ses réflexions. Par exemple, faisant écho à un long discours mentionnant la mémoire olfactive entre l’odeur du café et sa grand-mère Da, Dany Laferrière a simplement lâché que la cafetière est un encrier, que le café est de l’encre et que la page blanche représente la vie et l’univers. Laferrière a de ce fait le don de marquer les esprits par de simples comparaisons. Chapeau.

Dany Laferrière, salle Jacques-Maurice, 17 décembre 2019

Par contre, détrompez-vous. Les travers du prestige associé à la littérature et (surtout) à l’Académie française ne s’appliquent aucunement à Dany Laferrière. Loin d’être snob et transpirant à la fois l’autodérision et l’humilité, Laferrière a discuté avec quiconque l’interpelait, a pris de nombreuses photos et a même accepté de porter le chandail de Brébeuf qui lui a été offert.

Dany Laferrière

Il a multiplié les blagues sur la langue française et n’a pas eu peur de rire de lui-même lorsqu’il ne trouvait plus ses mots, ou lorsqu’il a dû s’arrêter pour tousser, tout en continuant à citer Tolstoï et Borges.

Dany Laferriêre avec des élèves, en séance de dédicaces après la conférence

Alors, à quoi ressemble une matinée avec Dany Laferrière? C’est une matinée de joie et de fierté. Une fierté de parler français en Amérique, face à ce grand symbole de la francophonie en Amérique. Une joie, parce que, sous son intelligence et sa poésie, on ne peut que se laisser transporter et redécouvrir les plaisirs de la vie sous un autre angle.

Dany Laferrière entouré d’étudiants dont Christian Duvers, un étudiant de secondaire 5 (à sa droite) et d’Anne-Marie Lafleur, professeure de français (sur la photo en 1er à gauche)

La Coop Brébeuf a eu l’immense honneur de contribuer à l’organisation de cette matinée pour les étudiants en compagnie de cette sommité de la littérature, et plus particulièrement de contribuer au déjeuner et à la séance de dédicace. Dégageant une générosité exemplaire, il nous a fait plaisir d’aider les étudiants et professeurs à articuler ce qui aura été finalement une journée plus qu’enrichissante.

De gauche à droite : Mélanie Gélinas, professeure de français, Lydia Quesnel, professeure de français, Dany Laferrière, écrivain de l’Académie française, Luc Thifault, directeur général du Collège Brébeuf et Anne-Marie Lafleur, professeure de français

Voir la galerie des photos de la conférence par Maxime Côté